Terreur de l’arène entre 2004 et 2008, le phénomène Bathie Séras s’est estompé petit à petit. Aujourd’hui, le « magicien » de Guinaw Rails, toujours en activité, ne fait plus réver.
La roue a tourné. Des périodes glorieuses ou le lutteur de petite taille s’est fait une place au soleil dans le milieu de la lutte avec frappe, on est passé à une phase sombre qui annonce peut-étre le crépuscule d’une carrière relativement aboutie. Bathie Séras qui fut, un moment, une terreur pour les lutteurs de la génération 2005, se morfond aujourd’hui dans dans un anonymat assez inquiétant. Car à ce rythme, le « magicien » de Guinaw Rails, sans étre gaté par la nature, mais avait une fougue bouillante, un courage inébranlable et surtout un piong exterminanteur, file droit vers la porte de sortie d’une aréne qui lui avait aménagé une belle entrée en 2005. Malgré la si longue absence qui peut méme faire croire à une retraite anticipée du lutteur de Thiaroye, ce dernier signale qu’il est toujours en activité. Bathie Séras! ce non résonnait dans l’aréne telle une tornade qui ravage tout sur son pasage. Il n’a pas la carrure de Yahya Diop Yékini, ni un corps de Bombardier, mais ce champion issu de Guinaw Rails, dans la banlieue dakaroise, donnait le tournis aux colosses qui se dressaient sur son passage. Son courage et sa témérité, comme armes principales en bandoulière, Bathie s’est frayé un passage forcé dans la lutte avec frappe sénégalaise. On était dans les années 2004 quand le phénomène fut iruption dans une arène qui était réservé aux mastodontes. Bathie Séras, lui, est venu casser les codes. Dans l’enceinte, c’est un vrai boucher qui doit sa grace à sa forse de frappe et son courage. Sans occulter sa technique de lutte et so mentale en béton, Bathie Séras était plus craint pour son coup de poing qu’on disait invisible. Il se disait que le lutteur qui débarque dans l’aréne chapeau de paille sur la téte portait autout du bras un gris-gris qui donne une puissance surnaturelle à son coup de poing. Ironie du sort, le mec mettait trés souvent, pas toujours, ses adversaires KO. Bathie Séras s’est ainsi bati une réputation, drainant la foule comme pas possible. Mais il semble que le mythe s’est éffondré. Le point de départ de la chute serait parti de cette cinglante défaite concédée un soir du mois de juillet 2009 quand le chemin du « macigien » a croisé celui du « puma » de fass.
Papa sow (actulellement chef de file de Jambars Wrestling Academy) qui tenait à régler son compte à Bathie Séras, à a fait vivre ce dernier un sale quart d’heure. Cette défaite, la troisième d’affilée (il avait été battu par Boye Sèye et Zoss) a été lourde de conséquences pour le phénomène de Thiaroye. La pilule était tellement difficile à avaler que Bathie Séras s’est payéune année sabbatique, car il a encore perdu pour la 5ème fois de suite face à Rock Mbalakh en 2011. Un an plus tard, il renoue enfin avec la victoire en envoyant Boy Kairé à la retraite. On espérait voir se raviver sa flamme. Que nenni! Défait par Modou Anta en juin 2013, puis par Zarco en 2016, avant d’étre enfoncé au fond du trou par Boy Bargny en 2018.
« Je suis toujours là et prét pour un combat »
On est bien loin de l’époque ou Bathie Séras faisait la pluie et le beau temps. La preuve par ce tour à Guinaw Rails mercredi 25 novembre dernier. A part le train-train quotidien qui anime cette partie de la banlieue dakaroise, c’était le calme plat, pas la méme ambiance des temps de gloire de Bathie Séras qui, aujourd’hui, peut se faufiler dans les coins et rues du quartier très populaire lutteur. « Je suis toujours dans l’arène. Malgré la longue absence pour des raisons que tout le mondeconnait, je suis toujours là et prét à redescendre dans l’arène. je n’attends que des propositions de combat. Je n’ai pas pas besoin de citer les noms de mes potentiels adversaires. On connait les lutteurs qui ont déjà un combat et ceux qui attendent toujours », signale le lutteur en perte de vitesse.
Eloigné de l’arène depuis plusieurs mois pour des raison de santé ( victime d’un malaise à l’entrainement ), Bathie Séras a repris les entrainements et se dit prét à marquer son retour dans l’arène. « je fais partie des lutteurs qui ont enregistré le moins de défaites ( il en a 9 ). J’ai battu de grands champions comme Boy Kairé. les gens savent que, techniquement, je suis le meilleur », se vante Bathie Séras.
« Son seul point faible, c’est qu’il n’est pas costaud »
Les amateurs de lutte avec frappe rafollent de sa démonstration d’avant-combat. Bathie Séras se distinguait toujours par son accoutrement. « Tingado » ( chapeaude paille ) sur la téte, dans son boubou » Ndiaxas » ( multicolore ), il servait une chorégraphie irrésistiblequi ferait méme bouger une statue. S a popularité ne se réduit pas seulement à la danse d’avant combat. Entre 2004 et décembre 2006, Bathie Séras a fait la féte à Cheikh Diop de Thiaroye, Khalifa Nguirane ( deux fois ), Djily Mbaye ( de Fass ), Tapha Guèye 2 ( Fass ). Un certain Balla Gaye 2 l’ avait stoppé avant le claf. Méme s’il n’a pas été l’heureux vainqueur du claf 2006-2007, le lutteur de Guinaw Rails avait confonduson nom avec le fameux championnat de lutte avec frappe mis en jeu par le promoteur Gastion Mbengue. Dans le groupe qu’il partageait avec Zoss, Boy Sèye et Balla Diouf, le lutteur de Guinaw Rails signe une précieuse victoire par Ko devant Zoss, contre tous les pronostics. Méme après sa défaite devant Boy Sèye et Balla Diouf, son nom résonnait encore au stade Demba Diop. Zoss qui a subi les foudres de Bathie Séras, avant de prendre sa revanche, persiste à penser que son adversaire a toujours un avenir dans l’arène. » Techniquement, c’est un luteur extraordinaire. Il fait partie des meilleurs lutteurs. Son seul point faible c’est qu’il n’est pas costeau. Mais il est très courageux », reconnait Zoss. Malgré sa petite taille, Bathie Séras, armé de son courage et de son mental, a pendant très longtemps impressionné ses adversaires. Boy Kairé ne va pas oublier sa mésaventure face au phénomène de Guinaw Rails, un après-midi de décembre 2011. « Il était courageux, ne reculait devant rien. Avec sa petite taille, il avait une force intérieure. J’avais commis la grosse erreur de le sous-estimer lors de notre combat », raconte le lutteur à la retraite. Boy Kairé compare aujourd’hui Bathie Séras à Ama Baldé. Du moins sur le plan de la popularité. « La force de Bathie Séras, c’était sa popularité. Il ne pouvait donc pas décevoir tout ce monde qui était dernière lui. C’est ce qui lui poussait à aller jusqu’au bout pour gagner ses combat », explique-t-il. La popularité, la technique, le courage…n’ont pas suffi au phénomène. Car, à un moment donné, il fallait étre phisiquement très costaud pour continuer d’exister dans cette jungle et face aux jeunes loups aux dents longues. C’était malheureusement le coté faible du lutteur de Guinaw-Rail.