Depuis plus de quatre ans, Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy est en retraite spirituel. Le guide religieux, « intronisé » entre-temps Khalif Général des Tidianes après le rappel à Dieu de son frère aîné, Serigne Mansour Sy « Borom Daaradji », Al Maktoum (le mystérieux) n’envisage pas de sortir de son « roukh » (son coin).
Pour la troi sième année consécutive, Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy ne sera pas présent en tant que Khalif Général des Tidianes lors de la célébration du Gamou à Tivaouane. Une absence qui n’est pas incidence sur l’organisation de l’événement pour la bonne et simple raison que même loin du « théâtre des opérations », Serigne Cheikh comme l’appellent ses disciples, met un point d’honneur à ce que tout soit impeccable. Il l’a prouvé ces deux dernières années.
Depuis Dakar où il séjourne depuis maintenant des décennies, le guide spirituel donne des directives qui sont respectées à la lettre par son porte-parole et non moins frère cadet, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine.
Le Gamou qui a suivi son intronisation à la tête de la tarikha Tidiane, «Gorgui si roukh bi» a imprimé sa marque en tenant à ce que la famille de Seydi Hadj Malick Sy soit unie à nouveau.
Pour ce faire, Al Maktoum a enjoint ses frères qui célébraient le Maouloud en rang dispersés de revoir leurs copies. Ainsi, Serigne Pape Malick Sy qui est son frère cadet et le benjamin de Serigne Babacar Sy a été dépêché à la mosquée d’El Hadji Malick Sy où il a retrouvé son cousin germain Serigne Babacar Sy dit Serigne Mbaye Sy Mansour. Au même moment, Serigne Maodo Sy ibn El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh prêtait main forte à l’homonyme de son père à la mosquée Serigne Babacar Sy. Un grand changement qui a en son temps fait des heureux dans les rangs des talibés.
L’année suivante, le même « scénario » a été redéployé pour l’union des cœurs. La famille de Seydi El Hadji Malick Sy ne s’est jamais sentie aussi soudée. Et ceux qui connaissent un bout de l’histoire de cette famille religieuse ne diront pas le contraire.
Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy qui aura 88 ans le 29 décembre prochain, c’est-à-dire quatre jours après la célébration de la naissance du Prophète Mouhamed (PSL) est certes un homme méconnu de beaucoup de Sénégalais. C’est pourquoi il n’est pas surprenant de voir certains se poser des questions sur son silence. Mais l’homme n’a jamais agi selon le bon vouloir de la rue. Il a son propre agenda et rien, ni personne ne peut le dévier de son chemin. Il n’est pas du genre à crier avec les loups. Sa mission, Serigne Cheikh en est conscient et s’y attelle du mieux qu’il peut, loin des tintamarres. C’est une façon de faire pas sénégalaise du tout. Mais, c’est son approche à lui. Et puis, pourquoi sortir ? Pour dire quoi qu’il n’ait déjà dit? Depuis l’âge de 16 ans, c’est ce qu’il fait. Il a écrit son premier ouvrage à cet âge. Depuis, il a fait le tour du Sénégal dans le seul but de combattre l’ignorance et l’inculture. Une tâche difficile qu’il a fédérée avec ses activités économiques, car faut-il le rappeler, il n’a jamais été un Guide religieux quémandeur de « Adiya ».
A presque 90 ans, il est encore opérationnel car un homme de Dieu ne prête jamais le flanc. La preuve, il s’acquitte de toutes ses obligations. Seulement, il préfère le faire dans la discrétion. Et cela, ce n’est pas un statut de « Khalif Général »-un titre qu’il a décrié lui-même- qui va y changer une virgule. « Mame » comme l’appellent les disciples du Dahira Moustarchidine wal Moustarchidaty, reste dans ton « roukh » et continue d’égrener ton chapelet pour que la paix règne dans notre beau pays. Ceux qui veulent apprendre de tes écrits savent comment faire et ne se sentiront jamais loin de la « source » malgré la « longue absence » et le « silence assourdissant ».