Idrissa Ndiaye et Cheikh A. Diallo risquent de passer le reste de leur vie en prison
Comparaissant hier, devant la chambre criminelle de Dakar pour des faits «d’association de malfaiteurs, de vol avec violence» ayant entrainé la mort sur Jean François Michel Gaillard, les accusés Idrissa Ndiaye et Cheikh A. Diallo risquent de passer le reste de leur vie en prison, si la chambre suit le réquisitoire du parquet qui a requis la prison à perpétuité.
Selon les révélations de l’enquête, Idrissa Ndiaye et Cheikh Ahmadou Diallo ont fait subir au ressortissant français des tortures de toutes sortes qui ont occasionné sa mort. En fait, les accusés avaient un projet de voyage en Lybie. Mais Idrissa Ndiaye et Cheikh Ahmadou Diallo qui sont respectivement vigile et tailleur de profession n’avaient pas les moyens de réaliser leur rêve. Ainsi, ils ont ourdi un plan qui consistait à voler des médailles en or au domicile de Jean François Michel Gaillard qui habitait à la Cité des Magistrats (Ouakam). Sur les lieux, les voleurs se sont bagarrés avec le chef de la maison qui les a surpris, lui ôtant la vie suite à de violents coups de poings qu’ils lui avaient administrés. Les faits se sont produits en novembre 2013. Suite à leur forfait, le procureur de Dakar a ordonné à la Section de recherche de la gendarmerie nationale d’ouvrir une enquête après la découverte du corps sans vie de François Michel Gaillard. Un transport sur les lieux a permis aux gendarmes de relever des empreintes de pas tout au long du mur de la clôture de la maison jusqu’à l’entrée principale. Ils avaient aussi constaté l’infraction de la porte de la cuisine qui donne accès à l’intérieur du domicile. Les pandores ont trouvé, par ailleurs, le corps sans vie de la victime gisant dans une mare de sang, dans sa chambre à coucher. Le constat fait est que le défunt était nu, les deux bras pliés sur la tête, le genou gauche replié. Sur le dos, il présentait un hématome au menton, un filet de sang sortait de sa bouche de même qu’un liquide blanc de son gland. Les enquêteurs ont observé aussi des traces de bagarre sur le lit complètement défait, le caleçon de la victime déposé sur l’oreiller, une corde en nylon entrelaçant ses membres inférieurs et supérieurs et des effets vestimentaires éparpillés sur le plancher. Mais après avoir procédé au constat d’usage du corps du défunt, ils ont suivi les pas qui les avaient menés directement au domicile où Idrissa assurait la garde. Ce dernier avait dans un premier temps nié les faits et il a fallu que les enquêteurs fassent une perquisition chez lui pour trouver les chaussures Adidas, l’ordinateur et son tee-shirt qui était tacheté de sang pour qu’il passe aux aveux. Le sieur Cheikh Ahmadou Diallo a été aussi retrouvé avec un joint de chanvre indien.
LE FILS DU DEFUNT, TEMOIN OCULAIRE DE L’ASSASSINAT DE SON PERE
Entendu, le fils de Gaillard a identifié Idrissa Ndiaye comme étant l’auteur des faits. Selon lui, ce dernier lui a recouvert le visage à l’aide d’un drap. Il explique qu’au moment où le voleur fouillait des papiers dans le salon, son père sans doute alerté par le bruit avait accouru avant que l’intrus ne le saisisse pour le conduire dans la chambre en fermant la porte arrière. Il poursuit en soutenant que son père présentait trois blessures au tibia et sur le côté. À la barre de la chambre criminelle de Dakar, Idrissa Ndiaye nie les faits qui lui sont reprochés et accuse son acolyte. Interpellé sur l’ordinateur retrouvé par devers lui, il déclare l’avoir acheté à Colobane avant de finir par reconnaitre qu’il s’agissait bien de celui du défunt. Revenant sur les faits, l’accusé soutient que l’idée du vol venait de Cheikh A. Diallo suite à un projet de voyage en Libye. «Il m’a confié que le sieur Gaillard qui était le plus souvent en état d’ébriété possédait plusieurs médailles en or. Ainsi on a planifié dans la nuit du 10 novembre, d’aller chez lui pour le cambrioler», dit-il. Toujours selon l’accusé, «c’est au moment où il pénétrait dans la chambre de François que celui-ci s’est réveillé. Il s’en est suivi une course poursuite avec Ahmadou Diallo. Quand j’ai décidé de sortir, j’ai retrouvé les vigiles dehors et pour ne pas prendre de risque, je suis retourné dans l’appartement où j’ai trouvé Ahmadou Diallo en train d’asséner de violents coups au défunt. D’ailleurs, c’est le lendemain qu’il m’a informé de sa mort», s’est-il dédouané. Des accusations battues en brèche par Cheikh Ahmadou Diallo qui fait porter aussi le chapeau à son compère. De nationalité gambienne, il informe qu’il n’a en aucun moment levé sa main sur le défunt. « C’est en 2012 que je suis venu à Dakar pour travailler comme tailleur. Mais une fois dans le domicile du défunt, c’est Idrissa qui s’était bagarré avec lui. Dès qu’il l’a neutralisé, il l’a enfermé à clé dans la chambre. Ainsi, il a volé l’ordinateur avant qu’on ne quitte ensemble les lieux», raconte le sieur Diallo. Par la suite, le juge lui a rappelé que lors de l’enquête il avait expliqué que c’est Idrissa Ndiaye qui donnait des coups de poing au visage et dans les côtes au défunt. Ensuite poursuit-il, il s’est emparé d’un oreiller qu’il appliquait contre le visage de son adversaire, allongé sur le ventre à même le sol. Puis il lui a enrôlé une serviette sur le visage. Ce que Diallo a nié à la barre.
LES ACCUSES RISQUENT LA PERPETUITE
Dans sa réquisition, le maître des poursuites souligne que dans cette affaire, chacun des accusés essaie de rejeter la balle sur l’autre. Selon lui, toutes les circonstances aggravantes du vol sont réunies. «Le fils du défunt, témoin oculaire des faits a déclaré que tous les accusés ont donné des coups atroces à la victime qui présentait des hématomes au niveau du menton et des filets de sang à la bouche», rappelle le ministère public qui atteste que le certificat de genre de mort établi par l’homme de l’art concluait à une mort par blessure à la suite d’une asphyxie par étouffement. Suite à ses observations, le parquet sollicite du juge de déclarer coupables des faits «d’association de malfaiteurs, de vol en réunion commis la nuit, avec escalade ayant entrainé la mort» avant de requérir la perpétuité à leur encontre. Les avocats de la défense quant à eux, plaident l’application bienveillante de la loi. Délibéré au 18 septembre prochain.
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