L’ancien chef du gouvernement, Abdoul Mbaye, plaide pour un leadership politique intègre pour inscrire l’Afrique et le Sénégal dans le concert des pays développés. Il présidait, samedi, le lancement des activités de son « Club Travail et vertu » ; un « think tank » qui entend aider les décideurs du continent à mieux formuler les politiques publiques.
L’Afrique a besoin d’un « leadership politique vertueux » pour sortir de la pauvreté et du sous-développement. C’est la conviction de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye qui a présidé, samedi dernier, le lancement des activités de son « Club Travail et Vertu ».
Si le Japon, la Corée du Sud, la Chine, la Malaisie, l’Afrique du Sud et le Cap Vert se sont développés, c’est parce qu’à son avis, ces pays ont eu des leaders intègres qui ont consenti beaucoup de sacrifices pour le bien de leur peuple.
Malheureusement, a-t-il regretté, le pouvoir rime avec « prébendes, gabegie, népotisme, mal gouvernance, passe- droits » dans la plus part des pays africains.
Il a déploré également l’absence de vision stratégique des hommes politiques africains. A ce propos, il pense que le Plan Sénégal émergent est a priori, un bon programme ; mais « il faut qu’il soit partagé par l’ensemble des populations afin que ces dernières se l’approprient ».
M. Mbaye a soutenu que le Club Travail et Vertu qu’il préside compte fournir des « solutions innovantes » aux décideurs et dirigeants politiques grâce à une réflexion inclusive. Pour atteindre ses objectifs, Abdoul Mbaye et ses collaborateurs entendent faire de l’éthique et du travail, l’axe qui guide leur action.
« Le Sénégal est le pays où le taux de travail est des plus faibles et le nombre de jours fériés des plus élevés dans le monde », a-t-il déploré. A la tête de sa structure, Abdoul Mbaye souhaite restituer aux valeurs ancestrales, comme le « Diom, le kersa, le ngora » etc ; toute leur place d’antan en vue « de retourner aux fondamentaux de la réussite ».
Il a précisé que le Club Travail et Vertu est un laboratoire d’idées qui consistera à faire des propositions afin d’aider à mieux formuler les politiques publiques. Il révèle que sa structure va aussi contribuer à élever le débat démocratique marqué actuellement par des attaques de personnes, « des insultes, des ragots ».
L’ancien Premier ministre précise qu’aucun domaine d’activités ne sera épargné par sa structure et aucune intelligence ne sera de trop pour aider le continent noir à sortir de sa situation actuelle. Il ne s’agit guère de la «prétention », a-t-il affirmé avec empressement, d’autant que « les défis sont colossaux ».
«Pour être grand, il faut soutenir une grande querelle ; notre querelle, c’est de sortir le Sénégal et l’Afrique du marasme économique dans lequel ils se trouvent», a-t-il martelé, citant au passage, le général de Gaulle.
…Et dresse un tableau économique peu reluisant de l’Afrique
Malgré son gros potentiel économique, l’Afrique peine à se développer. Abdoul Mbaye qui a fait ce constat, a aussi déploré l’instabilité politique qui mine le continent avec près de 80 coups d’Etat et un nombre incalculable de modifications des constitutions au cours de ces 50 dernières années.
C’est un tableau sombre que l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a fait de la situation économique et politique de l’Afrique et du Sénégal, au cours de ces 50 dernières années.
M. Mbaye qui présidait le lancement des activités de son Club Travail et Vertu, samedi dernier, a souligné qu’en dépit de son potentiel économique avéré avec 16% des terres arables du monde, 50% des terres non exploitées, son poids démographique, la richesse de son sous- sol etc. ; le continent tarde à prendre son envol.
L’Afrique, a-t-il poursuivi, ne contribue qu’à hauteur de 3% à la richesse mondiale, 3% à la production mondiale, 2% au commerce international etc. ; tandis que 30% de sa population vivent sous le seuil de la pauvreté.
«Dans le classement du Doing business 2014, 20 pays sur les 25 derniers sont des pays africains », a–t-il constaté, avec regrets.
Bref, les performances sont sombres si l’on se fie aux statistiques, a expliqué l’ancien chef du gouvernement. Sur le plan politique, il indique que la situation n’est pas mieux lotie.
Au contraire, « le bilan est consternant avec près de 80 coups d’Etat et un nombre incalculable de tripatouillages de la constitution ». Résultat, le chômage, le sous- emploi, le manque de formation, la famine, la pauvreté gangrènent nos sociétés.
S’agissant du Sénégal, il s’est réjoui du niveau de sa démocratie ; l’une des plus respectée dans le monde, d’après lui. Mais tout en félicitant le peuple « pour sa maturité et la classe politique pour sa retenue », Abdoul Mbaye regrette qu’on n’ait pas réussi à transformer « cet atout démocratie, cette stabilité » pour inscrire résolument le pays dans le concert des nations émergentes.
En lieu et place, le Sénégal traine les pieds avec « un taux d’alphabétisation inférieur à 50%, un revenu moyen par habitant de 1030 dollars, 50 % de la population vivant sous le seuil de la pauvreté etc., une faible productivité de l’agriculture et du secteur informel etc.
LES VÉRITÉS D’ABDOUL MBAYE