Vente d’armes au régime de Gbagbo en pleine crise post-électorale

0
286

Les Etablissements Fakih dans le collimateur des magistrats français.

Les Etablissements Fakih, sis au 90 rue Joseph Gomis à Dakar, sont visés par les juges Stéphanie Tacheau et Vincent Raffray du tribunal de grande instance de Paris qui ont envoyé à Dakar, depuis plusieurs semaines, une commission rogatoire dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour complicité de crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire et blanchiment de capitaux contre les trafiquants d’armes Frédéric Lafont-associé en ce moment à Rabih Fakih à travers Gp international – et Robert Montaya. Saisi par le parquet général pour exécution de la commission rogatoire , le doyen des juges de Dakar a actionné la Section de Recherche. Deuxième volet de nos révélations exclusives.

Le 3 avril 2002, le médaille d’honneur de la police était attribuée à titre exceptionnel à Khalifa Niang (imam), Serigne Fallou Mané Mbacké (opérateur économique), Cheikh Ngom (opérateur économique), Bara Tall (un exemple pour toute la jeunesse sénégalaise), Félix Sanchez (inculpé pour blanchiment dans l’affaire Ndèye Khady Guèye puis blanchi), Youssef Saleh (patron de Magic Land condamné pour homicide involontaire et détenteur d’un compte caché en Suisse) mais aussi à Abdou Fakih des établissements du même nom. 

Quelques années plus tard c’est autour de Rabih Fakih, d’être hissé au rang de chevalier national du lion.  Auparavant en plein scandale des dépenses hors budget, les Etablissements Fakih qu’il dirige avec sa famille, bénéficiaient, par décret  n° 2010-1741 en date du 27 décembre 2010, d’une dérogation à l’article 7 du décret n° 2010-1333 du 4 octobre 2010 fixant les conditions, modalités et procédures dérogatoires d’apurement des créances résultant d’engagements extrabudgétaires de l’Etat. En clair, malgré le scandale qui avait défrayé la chronique et irrité les bailleurs de fonds, les établissements Fakih, qui avaient obtenu plusieurs commandes d’armes à cette époque jusqu’à être au cœur d’un litige entre l’Etat et la Citybank, étaient payés. 

Pourtant, un long voile plane sur toutes ces décorations. Selon les informations de Libération, les établissements Fakih sont directement visés par les juges Stéphanie Tacheau et Vincent Raffray du tribunal de grande instance de Paris qui ont envoyé à Dakar, depuis plusieurs semaines, une commission rogatoire dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour complicité de crimes contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire et blanchiment de capitaux contre les trafiquants d’armes Frédéric Lafont et Robert Montaya, comme nous le révélions en exclusivité. Plusieurs documents obtenus par les magistrats (voir fac-similés) attestent en effet que les armes en cause ont transité dans les Établissements Fakih avant d’être livré, par voie aérienne, au régime de Gbgabo en pleine répression. Dans les détails, il s’agit de 97 armes à feu destinées à la gendarmerie nationale de la Côte d’Ivoire en août/septembre 2009 (17 pistolets 9 mm Taurus, 22 revolvers magnum Taurus, 15 fusils à pompes Escorta…) ; 178 armes à feu et 15.500 cartouches de calibres 9 mm et 357 mag mais aussi 7500 grenades lacrymogènes propulsées, 19500 grenades lacrymogènes à main, 10000 grenades projectiles inertes et fusils à canon rayé et fusils de chasse de calibre 12 fabriqués par Hatsan (dont le siège est en Turquie).

Le nom des établissements Fakih était apparu dans les premières heures de l’enquête du groupe de l’Onu (voir capture) qui a alerté le parquet du Procureur de la Cour pénale international avant que les juges de Paris ne soient saisis en raison des deux français cités. 

Libération a d’ailleurs appris que les enquêteurs de l’Onu ont interrogé Rabih Fakih qui a brandi sa bonne foi en informant avoir agi dans le cadre de Gp International, une société qu’il détient à part égale avec Frédéric Lafont. Des déclarations qui ne semblent pas convaincre les deux magistrats français qui l’ont ciblé directement dans leur commission rogatoire en demandant son auditon au Sénégal sur la base d’un questionnaire bien précis. 

D’ailleurs on apprend que le parquet général de Dakar, qui a reçu la demande d’entraide judiciaire, a saisi le doyen des juges pour exécution. Le magistrat instructeur a actionné à cet effet la Section Recherches de la gendarmerie nationale. 

La grande question est de savoir si Rabih Fakih a pu bénéficier d’autorisations pour transférer les armes de Dakar à Abidjan (voir fac simulé) par vols privés grâce à ses “amitiés”  d’alors au ministère de l’Intérieur qui expliqueraient peut-être toutes ces “décorations” obtenues par lui et sa famille sous l’ancien régime. 
Libération reviendra sur certaines commandes obtenues par les Etablissements Fakih, au Sénégal, entre 2007 et 2011.  Des commandes réalisées  parfois sans couverture budgétaires mais qui ont été quand même payées. Et bien payées. A suivre… 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.