Horizon.. Sarah Ayoub : «Waly, c’est juste incroyable !»

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C’est une artiste à la voix douce. Dans ses chansons tirées des classiques du monde arabe et français des années 50, Sarah Ayoub fait un double voyage à la fois dans le temps et dans l’espace. A ces vieilles notes, elle ajoute une touche moderne tirée des influences anglophones. Pour elle, le pari se trouve là. Venue au Sénégal pour le lancement de son premier album, la Shéhérazade franco-marocaine se pose au journal Le Quotidien et promet un show-case époustouflant ce week-end à l’ambassade du Maroc au Sénégal.

Ayoub, vous êtes à Dakar pour présenter votre premier album. Parlez-nous de cet album…
Oui. C’est un album de 12 titres, 8 reprises et 4 chansons originales. Ce sont plutôt des réadaptions. Je garde l’idée originale, mais j’en fais quelque chose de moderne pour lui donner une ambiance d’aujourd’hui. Cela correspond à la complexité de ce que je suis.

Dans ce nouvel album, vous avez fait le choix de ne faire que des reprises. Pour­quoi ?
Ma première chanson, Ahwak, est une reprise des années 50 d’un Egyptien. Ahwak a lancé ma carrière. Les jeunes générations découvraient une nouvelle chanson, mais les mamans, elles, la connaissaient déjà. Elles me disaient, «oh ! Je suis tombée amoureuse de ton père sur cette chanson». Je suis contente parce que les jeunes et les anciens l’ont adoptée. Cela a été un tremplin pour moi. De là, j’ai eu l’idée de continuer à faire des reprises des années 50 et de faire du moderne avec du traditionnel.

Comment avez-vous dé­couvert ces chanteurs orientaux ?
Mon père qui était joueur de luth me berçait avec cette musique quand j’étais bébé (fredonnant la chanson Ahwak). En grandissant, cet air me revenait. Mais je ne savais pas puisque mon père est mort très tôt. Cet air était tellement ancré en moi que je croyais qu’il vient de moi (…) Je le fredonne de façon continue et un jour je pars à un concert d’un groupe palestinien. Ils l’ont chanté et hop ! C’était le déclic. Je me suis mise à verser des larmes, en me disant que j’allais commencer ma carrière avec cette chanson. En écoutant le répertoire de Abdel Halem, j’ai découvert celui de Asmahan, de Oumou Kalthoum ainsi de suite.

Avez-vous déjà retenu une date pour rencontrer le public dakarois ?
Oui ! Je prépare un show-case (Ndlr : Un concert de présentation) ce 16 janvier. Je vais pouvoir faire découvrir mon album à mon public dakarois. J’aimerais que cela se fasse à l’ambassade du Maroc au Sénégal. Mais j’attends encore confirmation. J’irai ensuite à Paris le 14 février. En mars, je serai au Maroc et en Côte d’Ivoire… Puis je retournerai en Algérie. C’est dans ce pays que j’ai commencé ma carrière. Les Algériens ont été mon premier public.

Pourquoi le Sénégal ?
C’est l’Afrique avant tout. L’Afrique a toujours été ma priorité. Beaucoup d’artistes venus du Maghreb rêvent des Etats-Unis ou de l’Europe. Pour eux, c’est l’objectif. Moi je vis entre le Maroc et la France et je voulais avant de conquérir le monde commencer par ma communauté d’abord, le Maghreb, mon continent l’Afrique et ensuite on fera le tour du monde. Il y a beaucoup d’artistes qui restent chez eux, qui ne s’occupent que de leur pays. Moi je me dis que je suis déjà Marocaine. De toute manière, les Marocains n’auront le choix que de m’aimer. J’ai envie de sortir de la frontière, aller voir ailleurs, et je suis contente. Quand j’arrive dans un autre pays, je me sens bien accueillie comme une princesse, je me sens comme chez moi. Je suis tellement à l’aise que j’ai envie de partager ma musique.

Pourquoi cette envie de faire le tour du monde ?
C’est tellement facile de rester dans son pays et de faire sa petite musique. Il faut oser sortir de son pays pour faire connaissance avec les autres cultures. C’est pour cela qu’en toute logique, je suis au Sénégal. Et Dakar était un coup de cœur. Sénégal est une étape importante de ma promotion.

Qu’est-ce qui rend Dakar si particulière à vos yeux ?
Quand on parle de l’Afrique francophone et de l’Afrique subsaharienne, on pense tout de suite au Sénégal. C’est un pays de référence avec tous ces grands artistes qu’il a fait naître. Que ce soit les chanteurs, les musiciens, les auteurs, les intellectuels, le Sénégal est un pays de l’excellence. Il y a une culture de l’excellence. C’est une référence en matière de culture. C’était logique de commencer par le Sénégal.

Connaissez-vous un peu la musique sénégalaise ? Comment la trouvez-vous ?
Je la trouve vraiment (un peu d’hésitation) moderne. J’ai écouté et découvert Waly, c’est juste incroyable. Il a une voix extraordinaire. J’ai découvert aussi le titre I have a dream de Didier Awadi. Il a aussi une voix géniale. Ce que j’adore dans la mu­sique, c’est qu’elle n’a pas de barrières. C’est une langue universelle. Awadi rap certes en français, mais Waly, lui, chante en wolof. Sa voix et sa mélodie transmettent un message fort. L’émotion passe par sa voix. Je trouve riche la musique actuelle des jeunes Sénégalais. Ils sont à la pointe et ont une technique de voix qui est super. Ils n’ont rien à envier aux Américains.

Vous avez débuté votre carrière en 2014 et avez été nominée au Kora african music award dans la catégorie Meilleure artiste féminine d’Afrique du Nord. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
J’ai eu la satisfaction d’être nominée meilleure chanteuse d’Afrique du Nord. La récompense est déjà là. Rien que le fait d’avoir été nominé, c’est juste extraordinaire. C’est la plus grande distinction de la musique en Afrique. La cérémonie aura lieu le 20 mars prochain en Namibie et sera retransmise dans 55 pays. Ce qui équivaut à 750 millions de téléspectateurs. J’ai appris que deux autres artistes sénégalaises ont été nominées. Elles représenteront toute l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit de Adji Ouza et Coumba Gawlo.

Les connaissez-vous ?
Je ne les connais pas personnellement. Mais je voterai pour l’une des deux. Même les deux, si je peux. J’ai envie de les soutenir et je lance un appel à tout le Sé­négal de soutenir ces deux chanteuses pour qu’elles gagnent.

Prévoyez-vous de faire des duos avec des Sénégalais ?
Le spectacle du 16 janvier sera l’occasion de nouer des collaborations avec des artistes que j’ai envie de rencontrer, comme Didier Awadi. Pareil aussi avec Waly. On est en train de caler nos agendas pour essayer de se rencontrer. J’aimerais aussi travailler avec Ismaïla Lô. J’ai fait la couverture du magazine Actu’­elle, lui aussi. C’est le «romantique sénégalais», m’a-t-on dit. Aussi, je tiens à le rencontrer.

Vous aussi êtes romantique à ce qu’il paraît. Vous avez repris Ahwak qui veut dire «je t’aime». Aussi, vous êtes venue présenter l’Hym­ne à l’amour, une reprise du français Edith Piaff…
J’ai chanté cette chanson qui m’a fait découvrir au monde entier le 14 février 2014. Ahwak veux dire «je t’aime» en arabe. Tout le monde, tout le Maghreb connaît Ahwak. On appelait le rossignol brun ce chanteur Egyptien qui s’appelle Abdel Halim Hafez. C’est un grand chanteur comme le Franck Sinatra arabe. Toutes les femmes étaient amoureuses de lui, mais lui n’aimait qu’une femme qui par contre ne l’aimait pas. Il était désespéré et partageait cette amertume dans sa chanson. Quant à l’Hymne à l’amour de Edith Piaff que je me suis amusée à reprendre et à traduire en arabe, je viens le présenter à Dakar, parce qu’on fête en ce moment même le centenaire de la naissance de Edith Piaf. J’ai trouvé que c’est une belle chose de sortir la chanson ce moment.

Quel accueil attendez-vous du public sénégalais ?
Dakar a cette ouverture sur le monde, cette ouverture sur la langue arabe. Je trouve extraordinaire cette curiosité et ouverture d’esprit des Sénégalais. Il n’y a pas de secret qui fait le succès du Sénégal en matière de culture et son excellence dans tous les domaines. J’ai eu à rencontrer des étudiants, quelques autorités et de grands intellectuels. J’ai été invitée à la télé, à la radio… Partout où je passe, ce ne sont que de bonnes vibrations. Je suis déjà heureuse de trouver cet accueil.

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